12/11/2014
Réalisation : Mélanie Laurent
Avec : Joséphine Japy, Lou de Laâge, Isabelle Carré, Claire Keim, Roxane Duran...
Synopsis : Charlie, une jeune fille de 17 ans. L’âge des potes, des émois, des convictions, des passions. Sarah, c’est la nouvelle. Belle, culottée, un parcours, un tempérament. La star immédiate, en somme. Sarah choisit Charlie.
Pour cette critique, j'ai décidé d'élargir ma réflexion et d'expliquer plus en détail ma vision sur ce film. Pourquoi ? Parce que je pense qu'il vaut le coup d'être analysé au maximum.
L'adolescence et ses vices
L'histoire débute avec Charlie, une jeune élève de terminale qui ne paye pas de mine mais qui vie sa scolarité comme la plupart d'entre nous l'avons vécu : les études, les amis, la famille, les soirées, etc. Tout se passe pour le mieux jusqu'au jour où Sarah arrive. Elle est belle, un peu grande gueule, avec de l'aura, une fille dont tout le monde voudrait être amie. Et cette amie sera Charlie.
Voici donc la base du film et du scénario sur lequel s'est appuyé Mélanie Laurent. Une rupture dans le temps pour une élève qui trouvera sa place et sa raison de vivre grâce à Sarah, en oubliant ses valeurs, ses sentiments et même ses amis. On est plongé dans la relation entre ces deux nouvelles meilleures amies. Et comme toutes relations de jeunes de 17-18 ans, avec le temps, ça évolue. En bien comme en mal. Petit à petit l'une prend le pouvoir sur l'autre. Les belles promesses d'amitié disparaissent. Et au fur et à mesure la peur s'installe, la honte, et ce jusqu'à se renfermer sur soi même.
L'adolescence est une période charnière pour n'importe quel enfant. C'est là où l'on se construit mais c'est aussi là où l'on est susceptible et exposé aux regards des autres. Finalement, le film décrit ça. L'adolescence et ses vices, l'amitié et ses limites ou quand la sensation de liberté devient vite irrespirable.
La caméra et l’œil posé de Mélanie Laurent
Avant d'être la comédienne désormais mondialement connue, Mélanie Laurent avait fait des études d'art du cinéma. Elle n'a jamais renié son envie d'être derrière la caméra et réalise ici sont deuxième film après Les Adoptés. Avec Respire, elle donne encore plus d'impact et de crédibilité à cette volonté de diriger et non plus d’exécuter. Explications.
Pour commencer, au niveau de la photographie, le contraste des images est spectaculaire et totalement approprié en fonction de la scène. Par exemple, ce moment où Charlie se retrouve seule au milieu de l'eau accentue la sensation de solitude.
Ensuite vient la sensibilité des personnages. Nous y reviendrons après, mais les actrices sont bluffantes et la mise en scène pertinentes. Cette mise en scène est due à l'accentuation des émotions de chacun des protagonistes. A chaque fois cette justesse en terme de distance pour souligner un conflit, une tendresse ou encore une tristesse.
Enfin, la parfaite direction des acteurs. On a le sentiment que Mélanie Laurent a réussi à obtenir le meilleur de chaque personne. Toujours dans une réalité cruelle, cette tenue du casting donne plus d'ampleur et de crédibilité à son film.
Des interprétations à couper le souffle
Si le film vaut le coup d’œil et le déplacement, c'est pour voir ce tandem impressionnant Japy/De Laâge. La première interprète avec brio Charlie. En soit, elle ne dégage pas une grande émotivité et sensibilité. Elle paraît même assez classique mais pour ce film c'est justement ce qu'il fallait. Une personne de tous les jours à laquelle on puisse facilement s'identifier. Là où elle prouve sa capacité d'actrice c'est en étant victime, en se laissant dépasser par Sarah qui va la pousser à se couper du monde et se fondre dans sa carapace.
Et justement cette Sarah, interprétée par Lou de Laâge, donne la sensation de diriger le film et avec lui, le spectateur. Sa tendresse et bonhomie de début du film se dégrade petit à petit pour laisser place à une froideur et une cruauté qui semble sans limite. A contrario de Joséphine Japy, Lou de Laâge propose une large palette émotionnelle et je ne serais pas surpris de la voir rapidement dans un nouveau film.
L'intensité provoque-t-elle la longueur ?
La question se pose sur ce film mais peut également se poser sur bien d'autres longs métrages. Pour amener cette tension palpable, Mélanie Laurent décide d'illustrer l'amitié naturelle et naissante entre ses deux protagonistes. Ce début laisse place à quelques longueurs pas toujours maîtrisées au risque que le spectateur ne rentre pas dans le film (pour preuve le ronflement entendu dans la salle). Mais lorsque le film est lancé, on est pris dans cette intensité. Une intensité qui est résumée par de longs silences et par des regards. Evidemment, quand on ne parvient pas à s'identifier aux personnages et à entrer dans le film, on se fait clairement chier. Mais au cas contraire, on est pris dans une tourmente insoutenable jusqu'à suffoqué lors du dénouement final.
Pour résumer, un film d'une justesse et sensibilité incroyable mettant à l'honneur deux jeunes filles prometteuses et une réalisatrice promis à un brillant avenir.
Notes (sur 20) : Personnelle : 16 - Presse : 14 - Public : 15.2
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